Dignité
Personne ne devrait avoir à quémander pour subsister
Le système d’aide sociale actuel impose aux personnes dans le besoin de prouver leur misère pour obtenir de l’aide minimale. Ces processus stigmatisants, intrusifs, et souvent humiliants, brisent la confiance en soi, alimentent la honte et affaiblissent les liens sociaux.
Une allocation de subsistance change radicalement cette logique : elle repose sur la confiance, la reconnaissance de la valeur humaine intrinsèque et l’idée que chacun mérite de subsister avec dignité — sans condition, sans justification, sans humiliation.
🇨🇦 Mincome : vivre mieux, sans se justifier
L’expérience Mincome, menée à Dauphin (Manitoba) entre 1974 et 1979, a permis à tous les ménages sous un certain revenu de recevoir un revenu garanti. Cette expérience grandeur nature visait à observer les effets sociaux d’un revenu inconditionnel.
Résultats : une baisse des hospitalisations de 8,5 %, surtout pour des troubles liés au stress, à la santé mentale et aux accidents domestiques. Le taux de décrochage scolaire a diminué, particulièrement chez les garçons. Aucun retrait massif du marché du travail n’a été observé. Le tissu social s’est resserré.
En somme : la sécurité produit de la stabilité, et la stabilité permet de faire des choix — pour soi, sa famille, sa santé, sa communauté.
Pourquoi c’est important ?
La pauvreté n’est pas seulement une privation de revenu, mais une violence sociale et symbolique. Retirer la conditionnalité, c’est retirer l’humiliation. C’est reconnaître chaque personne comme digne, par défaut.
Résultats concrets
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Baisse de 8,5 % des hospitalisations
Une diminution notable des admissions à l’hôpital a été observée, en particulier pour des troubles liés au stress et à la santé mentale2. Cela démontre que la sécurité financière améliore directement la santé globale de la population.
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Hausse de la scolarisation
Les jeunes, surtout les garçons, ont retardé leur entrée sur le marché du travail pour poursuivre leurs études. Cela montre que le revenu garanti soutient des choix éducatifs à long terme plutôt que des sacrifices immédiats3.
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Aucune baisse massive du travail
La majorité des bénéficiaires ont continué à travailler, sauf quelques ajustements temporaires chez les mères et les étudiants. Cela contredit le mythe selon lequel une sécurité économique minimale mènerait à l’oisiveté4.
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Réduction du stress familial
Des familles rapportaient moins de conflits liés à l’argent et une ambiance plus stable à la maison. Cette paix domestique contribue directement au sentiment de dignité et de sécurité psychologique5.
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Soutien au bénévolat
Des citoyens ont commencé à s’impliquer davantage dans des projets communautaires et sociaux. Libérés de la contrainte économique, ils retrouvaient le désir d’agir pour le collectif6.
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Moins de stigmatisation
Recevoir un revenu n’était plus associé à un statut inférieur ou à un échec personnel. Cela permettait à chacun de se sentir reconnu, et non jugé7.
🌍 Namibie : un village relevé par le respect
Entre 2008 et 2009, le village d’Otjivero en Namibie a reçu un revenu de base inconditionnel pendant 24 mois. Chaque habitant recevait 100 dollars namibiens (environ 13 $ CAD) par mois, sans condition.
Les résultats furent immédiats : la pauvreté extrême fut réduite de moitié, la malnutrition infantile chuta de 42 %, la fréquentation scolaire augmenta de 90 % à 96 %, et la criminalité baissa de 36 %8. Mais au-delà des chiffres, les témoignages évoquaient un changement de posture : les habitants marchaient la tête haute, prenaient des initiatives, créaient des micro-entreprises et participaient aux affaires locales.
Pourquoi c’est important ?
Le sentiment de dignité restauré ne vient pas seulement du revenu, mais du fait que cette allocation est universelle, sans jugement. On ne vous observe pas, on ne vous soupçonne pas : on vous fait confiance.
Résultats concrets
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Pauvreté extrême réduite de 76 % à 37 %
En deux ans, la pauvreté sévère a chuté de moitié dans le village9. Cette amélioration rapide montre qu’une base économique stable restaure immédiatement la capacité à vivre dignement.
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Malnutrition infantile en baisse de 42 %
Les enfants recevaient davantage de repas quotidiens et de meilleure qualité10. Garantir la sécurité alimentaire des plus jeunes, c’est garantir leur dignité dès les premières années.
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Hausse de la scolarisation
Le taux de scolarisation est passé de 90 % à 96 % pendant l’expérience11. Les familles pouvaient laisser leurs enfants à l’école sans compromettre leur survie immédiate.
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Baisse de la criminalité de 36 %
Le comité local a constaté une réduction significative des vols et délits mineurs12. Moins de désespoir, c’est aussi moins de comportements de survie illégaux.
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Création de 45 micro-entreprises
Des coiffeuses, couturiers et vendeurs de nourriture ont pu lancer leur activité grâce à ce revenu13. Un petit filet régulier permet de passer à l’action avec dignité.
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Diminution des conflits domestiques
La violence au sein des ménages a reculé, notamment grâce à la baisse du stress économique14. Quand l’argent ne manque pas, la paix revient plus facilement dans les foyers.
🧡 Reconnaître sans condition
Des millions de Québécois contribuent à la société sans recevoir de rémunération : soins aux enfants, aux aîné·es, à des personnes en situation de handicap, soutien communautaire, bénévolat. Ces formes de travail sont invisibles dans les statistiques économiques, mais essentielles au bon fonctionnement du Québec.
Une allocation de subsistance offre une reconnaissance symbolique et matérielle à celles et ceux qui accomplissent ce travail de soin. Elle rend possible l’autonomie de ces personnes, sans qu’elles doivent sacrifier leur sécurité économique.
Pourquoi c’est important ?
Actuellement, le filet social récompense principalement l’activité salariée. Ce biais renforce les inégalités de genre, marginalise les aidants naturels et accroît l’invisibilité des contributions non marchandes15.
Résultats concrets
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Reconnaissance du travail non-rémunéré
Les tâches de soin, d’accompagnement ou de parentalité retrouvent une valeur économique implicite. Cela repositionne les aidants comme contributeurs légitimes à la société17.
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Réduction de la dépendance conjugale
Les femmes vivant dans des relations inégalitaires peuvent accéder à une allocation indépendante. Cela crée un filet d’autonomie là où régnait parfois la domination18.
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Autonomie pour les aidants naturels
Ceux qui accompagnent un proche n’ont plus à choisir entre aider et gagner leur vie. Cette liberté d’engagement fait partie intégrante du respect de leur rôle social.
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Équilibre vie-travail choisi
L’allocation de subsistance permet une réduction volontaire du temps de travail salarié. Cela ouvre l’espace à d’autres formes de contribution souvent invisibles mais essentielles.
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Temps libéré pour la participation sociale
Bénévolat, entraide locale, engagement citoyen deviennent accessibles à plus de gens. Participer à la société, c’est aussi exister dans le regard des autres.
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Diminution des sentiments d’exclusion
L’allocation de subsistance assure à chacun une place et un droit à l’existence digne. Il efface les frontières entre ceux qui “méritent” et les autres19.
References
- Fraser, Nancy. 2000. Recognition without Ethics? p. 113–116. https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/02632760122051760↩︎ 1 15 17
- Forget, Evelyn L. 2011. The Town with No Poverty: The Health Effects of a Canadian Guaranteed Annual Income Field Experiment, p. 295–298. https://nccdh.ca/images/uploads/comments/forget-cea_%282%29.pdf↩︎ 2 3 4 5 7
- Pinto, A. D. et al. 2021. Basic Income: A Conceptual Review and Research Agenda. https://basicincome.stanford.edu/research/papers/healthy-communities-and-universal-basic-income-a-conceptual-framework-and-evidence-review/↩︎ 6
- Haarmann, Claudia & Dirk. 2009. The Basic Income Grant Pilot Project in Namibia, p. 2, 17–21. https://base.socioeco.org/docs/big_resource_book.pdf↩︎ 8 9 10 11 12 13 14
- Paugam, Serge. 1996. La disqualification sociale, p. 33–36. https://shs.cairn.info/article/PUF_PAUG_2009_01_0001/pdf?lang=fr↩︎ 16 19
- Standing, Guy. 2017. Basic Income: And How We Can Make It Happen, p. 215–216. https://www.rentabasicauniversal.es/wp-content/uploads/2018/09/Basic-Income_-And-How-We-Can-Ma-Guy-Standing.pdf↩︎ 18
Projetons-nous
Imaginez un Québec où…- Personne ne doit mendier, prouver ou quémander pour vivre.
- La société fait confiance à chacun, sans condition.
- Le soin, l’écoute, le soutien sont reconnus à égalité avec l’emploi salarié.
- La honte n’a plus sa place dans le système social.
- On peut prendre soin d’un proche sans risquer l’exclusion économique.
- Et vous ? Que feriez-vous si vous n’aviez plus peur de tomber entre les mailles ?
Ce que vos concitoyen·nes en disent
« J’ai pris soin de ma mère pendant 4 ans. Sans revenu. Sans filet. »
Sophie L.
« J’ai honte de faire une demande. C’est comme si je volais. »
Marc R.
« Ce n’est pas l’argent qui me manque le plus. C’est le respect. »
Rania K.
Avec une allocation de subsistance, un Québec plus digne est possible.